Portrait de l'écrivain français Marcel Proust

La place de la mémoire dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust

La question de l’identité a, comme nous l’avons déjà vu dans un précédent article, longtemps tourmenté les philosophes. Elle est également essentielle pour nombre de grands auteurs. Le thème de l’identité et de la quête de soi s’est ainsi imposée comme un sujet récurrent dans la littérature.

Marcel Proust pensait que les souvenirs fondent l’identité de l’individu. La Recherche du Temps Perdu est ainsi un examen du rapport entre le passé et le présent d’un individu. La mémoire joue donc un rôle essentiel dans ces sept romans. Le but du narrateur est en effet d’accéder, par le biais de ses souvenirs, à son moi profond.

Le souvenir fait l’individu

Cette idée transparaît dans la description que le narrateur fait de son réveil dans Du côté de chez Swann, le premier livre de la Recherche. « Quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j’étais […]  ; mais alors le souvenir […] venait à moi comme un secours d’en haut pour me tirer du néant d’où je n’aurais pu sortir tout seul. » Pour redevenir soi-même au réveil, il est ainsi nécessaire de s’arracher à l’oubli causé par le sommeil. Pour Proust, c’est le souvenir qui nous permet d’être (et redevenir) ce que nous sommes.

La vérité du passé

Le monde qui nous entoure est-il bien réel ? Connaît-on vraiment l’essence des choses autour de nous ? Proust a écrit à ce sujet dans Du côté de chez Swann : « Les fleurs qu’on me montre aujourd’hui pour la première fois ne me semblent pas de vraies fleurs […]. La réalité ne se forme que dans la mémoire ».

Pour lui, non seulement l’essence de l’individu se trouve dans le souvenir, mais également l’essence des choses qui l’entourent. On ne peut connaître la vérité en basant sur le présent, il est nécessaire de fouiller le passé pour l’entrevoir. Selon Proust, c’est seulement par la mémoire que l’on peut atteindre la vérité.

Les deux types de mémoires

Mais grâce à quelle mémoire est-il possible d’atteindre l’essence profonde des choses ? Il existe deux types de mémoires pour Proust.

En premier lieu la mémoire volontaire, celle qui consiste à se remémorer consciemment les événements. Si Proust reconnaît son caractère pratique et fonctionnel, il pense cependant qu’elle ne peut permettre d’atteindre le moi profond.

Il lui préfère en effet la mémoire involontaire, magnifiquement décrite par l’épisode de la madeleine, toujours dans Du côté de chez Swann : « Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. […] Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray […] ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.  »

Cette mémoire intimement liée aux sensations permet de ressentir exactement ce que l’on a ressenti à un autre moment de sa vie. Dans le dernier tome de la Recherche, le narrateur comprend que c’est par cette mémoire qu’il peut atteindre son moi profond et décide de devenir écrivain.


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